15 juillet 2009

Le coût global, ça a de l'avenir!

Il est souvent reproché aux constructions durables de coûter trop cher. Il faut pourtant être un fort mauvais trésorier pour défendre une telle position.
N'importe quel pater familias sait qu'il vaut mieux acheter du matériel solide pour son ménage, plutôt que de se procurer des objets défaillants à prix bradés, afin de limiter les frais d'entretien, de réparations... Ce raisonnement fonctionne pour tout, y compris pour les quartiers durables!
Il est communément admis qu'un bâtiment dont la consommation énergétique et l'aspect responsable des matériaux sont optimisés voit la facture de sa réalisation gagner environ 15%. Certes! Mais observons de plus près ce comment est dépensé l'argent lors du cycle de vie d'un bâtiment:


Ce graphique permet de relativiser le surcoût annoncé qui ne porte que sur 25% des dépenses totales liées au bâtiment (plus de détails sur cette page fort instructive). Et pourtant, ce sur-investissement initial permet de diminuer de façon drastique le prix à payer pour l'entretien de celui-ci, la gestion de la température interne (chauffage et climatisation) ou encore la déconstruction annoncée... Cela est acté.
Il y a pourtant un problème: comment faire assumer le coût initial à un propriétaire qui ne conservera certainement pas le bâtiment jusqu'à sa destruction et qui ne bénéficiera donc pas du retour sur investissement? Il existe aujourd'hui des prêts qui pallient cela. Notons que si les banques s'intéressent à ce type de considérations, ça ne doit pas être par hasard... Il est aussi possible d'espérer que le marché de l'immobilier prenne de plus en plus en compte la qualité des biens échangés, pour le plus grand bonheur des promoteurs innovants!
Je vous parlerai bientôt des technologies simples et efficaces qui permettent d'alléger la facture pour un retour sur investissement rapide (puits canadiens, solaire thermique, isolation des combles, etc...). Ce sera l'occasion de nous rendre compte une fois de plus que les raisonnements durables adoptent forcément une logique économique cohérente!

14 juillet 2009

La gouvernance urbaine, c'est pas si compliqué...

Définition: la gouvernance définit les modalités de prise de décision d'un projet. Une bonne gouvernance sait recueillir les compétences d'un maximum d'acteurs concernés pour un résultat optimal.
Aujourd'hui, il est possible de distinguer trois acteurs principaux autour d'un projet urbain: le maître d'œuvre, le maître d'ouvrage et le plus important, le maître d'usage, c'est à dire nous!
Les deux premiers (souvent une collectivité et son aménageur préféré) savent la plupart du temps discuter et échanger afin de construire un projet qui leur convient bien. C'est à dire un projet qui est le fruit d'un savant dosage entre le programme politique de l'élu, les contraintes financières, les compétences techniques connues et en dernier lieu les exigences socioéconomiques du territoire concerné. Parfois cela fonctionne, et parfois pas du tout.
Quel ingrédient manquant permettrait de réussir la recette à chaque fois? Peut-être est ce le liant qui donnera la cohérence finale à la vie du lieu: l'habitant?
Malheureusement, ce dernier est souvent laissé à l'écart des modifications de son présent, ou futur, lieu de vie. Bien sûr, il existe la concertation pour pallier ce vide mais elle est presque toujours fantôme. La plupart des procédures mises en places ne sont évaluées qu'à travers des indicateurs incomplets: le nombre de réunions effectuées, le nombre de commentaires de citoyens sur un projet proposé... Bref, le vieux schéma descendant est encore en place. La collectivité propose et dispose alors qu'au milieu les revendications citoyennes restent sur le carreau.
Bien sûr, la participation citoyenne a ses contraintes. C'est de l'argent, du temps et beaucoup d'efforts psychosociologies à développer. Le risque NIMBY (Not In My Back Yard) ou l'individualisme prend le pas sur l'intérêt collectif est un risque à savoir gérer. Rappelons néanmoins que ce n'est pas le chemin qui est difficile, mais difficile qui est le chemin! Autrement dit, investir dans la récolte des points de vue des futurs maîtres d'usage est très rentable... Partout ou des processus de co-décisions avec les citoyens ont aboutit, de très faibles taux de détérioration ont été observés. Économiquement intéressant! De plus, l'appropriation des citoyens est forte et l'entretien du quartier est naturelle au profit de la bonne santé de celui ci!
Je reviendrai sur ce sujet éminemment important. Il reste notamment à aborder l'auto-promotion, les coopératives d'habitants, les associations de quartiers, les Comité d'Intérêts de Quartiers... Autant d'outils et d'initiatives qui vont dans le bon sens!

Le nouvel Urbanisme est arrivé!

Si vous vous intéressez aux quartiers durables, vous connaissez Cyria Emelianoff. Cette chercheuse creuse la question de la ville durable depuis plusieurs années. Elle a caractérisé, à travers le tableau ci dessous (cliquer pour mieux le voir), l'évolution des urbanistes dans l'approche des objectifs de leur profession.

Vous remarquerez que les grandes lignes de la Charte d'Aalborg contiennent toutes les bases aujourd'hui admises pour la construction d'un quartier durable. Plus de cinquante villes l'ont signées et appliquent aujourd'hui ces principes à grande échelle. Mais cela est à relativiser lorsqu'on sait que seuls 5% des projets urbains sont soumis à l'avis d'urbanistes... Les restes étant soumis à une volonté politique auto-déclarée éclairée, aux opportunités foncières identifiées ou aux constructions privées...

Alors, vous aussi, sauvez une ville, adoptez un urbaniste!

Petit précis de «développement durable».

Il convient de se demander si un terme est suranné lorsqu’il est le fruit d’une réflexion vieille de plus de 20 ans. Cela est même impératif lorsque le terme en question est passé par le filtre d’une traduction bancale. Il est intéressant de chercher à comprendre comment deux personnes peuvent appréhender deux choses différentes en entendant la même expression. Le «développement durable » regroupe ces caractéristiques, observons le bidule de plus près.
Le sustainable development, né en 1987, est issu du rapport Brundtland (qui porte le nom de la présidente de la Commission mondiale sur l’environnement et le développement du moment) dont le nom original est « Notre avenir à tous ». Ce terme alors consacré est malencontreusement traduit en français par «développement durable». C’est pourtant le durable qu’il convient d'entretenir, et non pas le développement, par essence productiviste et prédateur, qu’il faudrait entièrement réorienter! Les pays occidentaux oublient souvent que la matière a sa valeur propre et qu'en prendre soin est un réflexe intelligent.
Mais ce concept a vécu d’autres misères et s’est vu dé
tourné par des théoriciens peu scrupuleux. Il faut en conséquence bien comprendre qui utilise ce terme et c’est pourquoi nous allons nous pencher sur les sœurs ennemies que sont la durabilité faible et la durabilité forte.
La durabilité faible considère que toutes les formes de capitaux sont substituables, y compris le capital naturel. Ce dernier voit sa liquidité déterminée en fonction des progrès technologiques. Il serait donc durable de consommer 100% de notre capital naturel pour le transformer en 120% de capital financier! Nous retrouverons dans ce camp le discours des grandes multinationales (pétrolières notamment), les contradicteurs du principe de précaution, les partisans de la géo-ingénierie, les sceptiques du dérèglement climatique... Pour caricaturer, tous ceux qui ont intérêts à ce que notre modèle économique actuel n'évolue pas. La fuite en avant est un réflexe psychologique qui évite souvent de se remettre en question, un travers bien connu...

La durabilité forte comprend également l'intégration du capital naturel dans notre économie mais place une limite au-delà de laquelle l’interaction durable des ressources de la biosphère avec la consommation de matière liée à nos activités n'est plus assurée. La planète est donc le cadre dans lequel se développe notre société qui pour cela utilise un modèle économique de son choix. L’humanité est un chaînon de la biosphère, ni au dessus, ni au dessous, mais dedans. Il s’agit d’acter qu’une croissance infinie n’a pas de sens dans une boite aux limites déterminées comme notre planète.

Mon acceptation des quartiers durables sera forte, what else ?

12 juillet 2009

Pourquoi l'échelle du quartier?

Bonjour à tous,

Selon un rapport du Fond des Nations Unies pour la Population (Fnuap), depuis quelques mois, plus de la moitié de l'humanité vit en ville. De nombreuses raisons expliquent cela: exode rural, attractivité, sécurité supposée... Mais une seule chose est sûre: il est désormais prioritaire de penser et construire le mieux vivre dans nos cités.

Ce blog s'adresse aux citoyens, élus et techniciens qui souhaitent découvrir le phénomène des quartiers durables. Il aborde la question des quartiers durables sous toutes leurs formes et des thèmes assimilés. Vous trouverez au sein des articles des avis sur les bonnes et les moins bonnes idées mises en place. En bas de pages se trouveront des informations, une bibliographie, et des liens vers des expériences pertinentes.
Le terme galvaudé "d'écoquartiers" ne comprend souvent que la prise en compte des contraintes et des opportunités des milieux naturels. Il convient d'embrasser plus largement les thématiques de la gouvernance, du contexte social et du fonctionnement économique pour adopter un regard global.
Les expériences les plus abouties dans ce domaine aujourd'hui sont sans conteste les quartiers estampillés "durables". Innovantes, ces initiatives expérimentales pourraient s'avérer être un espoir pour tous "mieux vivre ensemble". Regardons les de plus près...

Bonne lecture et à vos commentaires!