Il fait de plus en plus chaud dans nos villes. L’extension croissante de l’espaces urbain en France (la population a augmenté de 25 % alors que les espaces urbanisés ont augmenté de 75% depuis 25 ans), l’augmentation des surfaces imperméabilisées (de plus en plus de voirie et de stationnements), la pollution de l’air (transports), la rareté de la végétation, le manque d’ombrages, les variations climatiques fortes… autant d’élément qui contribuent à la création de ce qui est nommé dans le jargon de l'urbanisme "les Ilots de chaleur urbains" (ICU). Ce terme désigne « un secteur urbanisé où les températures de l’air et des surfaces sont supérieures à celles de la périphérie rurale ». Des différences de températures entre les centres urbains et les espaces périphériques peuvent atteindre 7°C!
Dans un contexte où les canicules estivales vont être de plus en plus nombreuses, où l’accès aux dispositifs techniques de rafraichissement ne concernera jamais l’ensemble des logements, où il s’avère nécessaire de diminuer tous nos besoins (de chauffage mais également de froid, très consommateurs d’énergie)… Il devient primordial de prendre compte dès maintenant de la notion d’ICU pour les projets urbains.
L’aménagement des centres urbains, concentré sur une minéralisation des espaces a jusque lors rarement pris en comptes les questions d’albédo, de matériaux, de canyons urbains, d’ombrages saisonniers, de végétalisation… pourtant ce sont ces éléments qui constituent des leviers d’action pour lutter contre les ICU.
Par exemple, intégrer le végétal dans les aménagements urbains a des conséquences fortes en terme de confort thermique. Une étude simulée pour le cas de Montréal montre que le refroidissement dû à l’évapotranspiration des arbres peut diminuer la température ambiante de 6°C au mieux (plus souvent -3°C). De récentes études indiquent que «la transpiration d’une plante de grande dimension produit un effet de refroidissement équivalent à celui de 5 petits système réfrigérants fonctionnant pendant 20 heures », un square de 100 m² planté dégage 50 000 l/ jours! Imaginons le potentiel de rafraichissement naturel qu’offrent nos végétaux. Cela ne peut fonctionner correctement qu’avec certains corolaires: une perméabilité des sols maitrisée, une gestion alternative des eaux pluviales permettant leur retour des eaux dans le sol, un positionnement des végétaux en fonction des expositions solaires des façades, des largeurs de trames bâtis qui permettent de profiter de la ventilation naturelle, un choix adapté des végétaux…
Cette question fondamentale, qui pourra conditionner le confort urbain de demain, fait déjà l’objet de travaux et d’actions politiques pour certaines villes/Etats. Berlin par exemple subventionne à hauteur de 60% l’aménagement des toitures d’immeuble en jardins végétalisés (découvrez à ce propos l'excellent indicateur de végétalisation: le Coefficient de Biotope en Surface), elle-même également un place une cartographie permettant d’identifier les canyons de rafraîchissement de la ville (à conserver). Le Québec quant à lui a inscrit la lutte contre les ICU comme un objectif de santé public. Enfin la Ville de Montréal réalise des appels à projets et subventionne tout re- végétalisation de la ville.
A quand les encouragements français ?
E. Cocteaux
D'où l'absolue nécessité de planter des végétaux partout où cela est possible.
RépondreSupprimerSerait-il possible (si ce n'est déjà fait) d'aborder un thème tout aussi important : les eaux usées épurées et leur réemploi.
Sachant que cette ressource, puisée dans nos sols et rejetée par millions de M3 dans les mers et océans, pourrait être recyclée à l'envi.
B. Chanut
Bonjour bonjour!
RépondreSupprimerToujours un plaisir de lire ce blog!
J'habite au québec, où en effet, nous sommes bcp sensibilisés à la question des ilots de chaleurs... J'ai assisté il n'y a pas longtemps à l'intervention des "urbainculteurs" qui proposaient une solution absolument géniale pour verdir la ville et favoriser l'agriculture locale: l'agriculture en ville au moyen de bacs biotop qui permettent de produire sur les toits, balcons etc... comme en pleine terre! Voila le lien, je vous laisse découvrir et pourquoi pas... imiter!
http://www.urbainculteurs.org/Accueil.html
Camille
@ B. Chanut: votre demande a été prise en compte. Nous tâcherons de rédiger un article informatif sur ce thème. Peut-être avez vous quelques idées à partager? Auquel cas, n'hésitez pas à me contacter directement: emmanuel.bucki@gmail.com
RépondreSupprimer@ Camille: Merci pour ce lien très pertinent! Ce sujet sera abordé dans un futur article concernant... Jakarta! Les bonnes idées font toujours leur chemin...