25 septembre 2009

Un référentiel de quartiers durables, une fausse bonne idée ?

Ou que vous habitiez, un écoquartier (mais probablement pas un quartier durable) est en construction près de chez vous. Car force est de constater que ce type de projet urbain émerge dans les pensées de la majorité de nos politiques. Renouveler la ville sur elle-même n’est pas suffisant, il faut le faire à la mode des concepts écologiques (qui ne sont en fait pas une mode, mais qui sont souvent perçus ainsi). En conséquence, nous assistons ces derniers mois à un florilège d’annonces fracassantes d’inaugurations de futurs « écoquartiers ». Ce phénomène est amplifié par la volonté des collectivités territoriales de soutenir cette démarche par des appels à projets, des promesses de subventions diverses et variées ou un appui politique sans faille. C’est le cas de l'Appel à projets régional "Quartiers durables en Rhône-Alpes" (ainsi que du concours écoquartier du MEEDDAM ou de l'Appel à projet quartier durable 2009/2010 de l'Institut Bruxellois pour la gestion de l'environnement). Le concours du MEDDAM devait rendre public les lauréats en juin et assaillit par 160 dossiers de candidatures, ne sait pas comment réagir. La rumeur court que le MEEDDAM récompenserait les 160 candidats (réponse officielle le 4 novembre). Comment ne pas choisir et dissoudre l’intérêt de l’opération… Pourtant, toutes ces réalisations ne sont pas entreprises dans un cadre de gouvernance harmonieux et mis à part quelques modalités écologiques, ces projets urbains ne sont pas tous particulièrement remarquables. Il est à craindre d’assister à une vaste surenchère de marketing urbain aux doux relents de greenwashing. En même temps, il faut se féliciter de l’appropriation par les élus de ce concept car la France accuse un sérieux retard dans ce domaine (mais qui ne devrait pourtant pas pousser à la précipitation).
Quelle solution mettre en œuvre pour accompagner cette volonté politique et ne pas décrédibiliser un phénomène relativement neuf qui doit encore prendre ses marques ?
Certains proposent de créer un référentiel. Il s’agirait de définir ou de labelliser de manière stricte les quartiers durables sur la base de caractéristiques remarquables. Le premier promoteur de la création d’un référentiel n’est autre que le MEEDDAT qui se prête au jeu tout en reconnaissant que « L’exercice est en soi une gageure. ». La lecture de la manière dont le ministère appréhende les écoquartiers est un plaisir en soi, ne vous en privez pas.
Mais pourquoi une gageure? Peut-être parce que la première des caractérisations d’un quartier durable, c’est qu’il est différent de tous les autres. Cela pour une raison simple : son aménagement est défini par la population locale aux spécificités uniques.  La participation citoyenne, un des trois piliers de la gouvernance urbaine (avec les élus et les techniciens) est au cœur de la manière d’élaborer ces quartiers. Vouloir établir des règles, un cadre ou une grille nationale rappelle le réflexe centralisateur français (en passe d’être abandonné au regard du processus de décentralisation en marche depuis 1983), qui a déjà pu jouer le rôle de frein moteur pour la concrétisation de ce type de projet (par un réflexe psychosociologique des élus locaux consistant à attendre une impulsion venue d’en haut ?). Les modalités de prises de décisions françaises, descendantes, ne sont pas en adéquation avec ce type de démarche. Seuls les référentiels locaux, c'est à dire à l'échelle communale ou régionale (à vocation de renouvellement urbain par exemple), peuvent faire sens.
Finalement, mieux qu’un référentiel, c’est de recommandations dont ont besoin ceux qui souhaitent assister à l’éclosion d’un quartier durable. La première d'entre elle pourrait être: « n’oubliez pas que la matière vivante d’un quartier, ce sont les citoyens qui le traversent. Alors n’imaginez même pas réussir une opération sans connaître et mettre en œuvre leurs volontés… »

3 commentaires:

  1. Si j'ai bien compris, il est idiot de construitre "bêtement" tout pleins d'écoquartiers identiques par effet de mode, et il vaudrait mieux construire au cas par cas des quartiers durables "personalisés" adaptés à la population déstinée à y vivre .
    De plus, le mouvement actuel partant quand même d'une bonne volonté, il ne faut pas trop le freiner au rique de le décribiliser et de l'arrêter .

    J'ai bon ? ou j'ai rien compris ?

    cordialement

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  2. Le quartier durable est celui qui aujourd'hui peut être identifié par son histoire. Si c'est encore un objet il perdra sa valeur à l'aune de la mode... Ce "QD" doit aussi être local car c'est de cette manière qu'un territoire urbain renforce sa cohésion et son histoire, et la cohérence de sa construction en matières premières et en industries/entreprises locales qui y participent.
    Les éco-quartiers ont un air de lego moche et métalliques avec du bois collé dessus, ils sont microscopiques et quasi-fermés sur eux-mêmes, en bref, ils sont parcellaires et on peut toujours rêver qu'ils soient capables de ne pas être envahis par le voisinage. L'urbanisme a une grande leçon à prendre: ouvrir les propriétés au besoin de construire de véritables territoires et non des bouts d'images qui rassurent les acheteurs sur la banalité qui vend, qui permet de louer...etc en bref, les bâtiments ne doivent plus être de simples objets de profit mais de véritables contextes de vie !
    Un quartier n'est pas suffisant, c'est l'ensemble de la ville qui doit être comprise dans un process de durabilité. Le quartier c'est une petite injection de marketing, mais aussi ok, une démonstration d'un panel de solutions possibles. ...

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  3. Merci pour la mise en garde qui me semble extrêmement pertinente. Envisager un quartier durable en vase clos est une erreur et un non-sens. Notre parti pris est ici de considérer le quartier en interaction avec ceux qui lui sont limitrophes. Si nous avons choisit dans ce blog de nous concentrer sur ce niveau de lecture urbaine, c'est en raison de la pertinence de cette échelle de proximité. Les citoyens d'une ville perçoivent leur cadre de vie à travers le prisme de leurs activités quotidiennes (boulangerie, docteur, école, etc.), majoritairement localisés autour d'eux, c'est à dire dans leur quartier. Penser la ville à travers ses quartiers trouve alors son sens. Nous sommes cependant d'accord pour dire que c'est la ville dans son ensemble qui doit muter et se "durabiliser".

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