13 janvier 2011

L’Habitat groupé, une curiosité marginale ou une vraie alternative ?

Depuis un an, les médias ont découvert l’Habitat Groupé. Libération, Le Monde, Télérama, Le Parisien et même TF1 consacrent de l’espace rédactionnel à ce phénomène. Qui sont ces personnes qui se mobilisent pour un habitat plus solidaire et écologique ? Pourquoi le font-ils et comment fonctionnent ces projets ? En effet, dans une société qui satisfait habituellement les besoins des citoyens moyennant services publics ou payants, la volonté de prendre en main directement des opérations aussi complexes que la construction de logement surprend.

Quelle est la réalité exacte de l’Habitat Groupé en France aujourd’hui ? Certes, il y toujours les projets des années 70 et 80 dont certains sont des vraies références en la matière. Mais le bilan reste mitigé en ce qui concerne les réalisations récentes : 5 ou 6 projets achevés ou en cours de construction comme à Strasbourg ou à Saint-Dié-des-Vosges et plusieurs en phase de planification, mais ces initiatives n’ont pas d’impact significatif face aux besoins de logements neufs évalués à 300 000 unités par an.

Pourtant, tous saluent les vertus de l’Habitat Groupé. Plus écologique, solidaire, accessible, multigénérationnelle et mieux adaptée ou adaptable aux besoins, la démarche devrait se développer rapidement face aux enjeux actuels. Quels sont donc les freins qui empêchent la démocratisation de cette solution qui converge avec tous les objectifs du développement urbain durable?

L’avenir de l’Habitat groupé se jouera sur la capacité des tous les acteurs de mettre en place des partenariats intelligents et efficaces. Citoyens, collectivités et professionnels privés ou publics doivent coopérer sur la base d’un objectif partagé : le quartier et la ville réellement durable.

Pour les citoyens, ça passera par une prise de conscience des enjeux et contraintes en tant qu’acteur au lieu de consommateur. Les élus et les collectivités doivent créer l’espace où ces projets peuvent se développer. Enfin, les professionnels face à la présence inhabituelle et déterminante des futurs usagers dans les projets, sont amenés à redéfinir les procédures et à mettre en question certaines pratiques conventionnelles.

Ces efforts de coopération demandés aux protagonistes sont perçus fréquemment comme des contraintes trop dissuasives. Or, il y a là une perspective intéressante pour tous : une nouvelle légitimité pour élus et professionnels, une diminution de la dépendance au système marchand qui ne tient compte que de la rentabilité et non des besoins des usagers, enfin un autre «vivre ensemble» plus responsable, écologique et convivial.

En conclusion, il suffirait de multiplier ces nouveaux partenariats, comme c’est le cas par exemple à Pierrevert (04) où "Toits de choix" intervient dans une étude urbaine participative, afin d’accéder à de nouveaux espaces de liberté (par la diminution des dépendances), de fraternité (solidarité et responsabilité), et d’égalité (accessibilité). Pour ceux qui adhérent à ce raisonnement, et nous les savons nombreux, l’Habitat Groupé sera une vraie alternative.

Stefan Singer, Toits de Choix